Au lendemain de la confirmation de l’identité du "Grêlé", les voisins de François Vérove sont sous le choc. Cet ex gendarme de 59 ans qui vivait à La Grande-Motte avec sa femme et ses enfants, est décrit comme un homme actif, sympathique, qui semblait «heureux». Il s'est suicidé dans le Gard.
C’est donc dans le quartier résidentiel des Goélands à La Grande-Motte, dans l’Hérault, que se cachait le "Grêlé", ce tueur en série accusé de 4 meurtres et de 6 viols, recherché depuis 35 ans.
François Vérove habitait une vaste maison blanche, refaite à neuf, sous les pins, avec sa femme et ses enfants. Un voisin apparemment sans histoire.
Un père de famille «heureux»
C’est en tout cas ce que pensaient ses voisins, un couple de retraités installés à quelques mètres de chez François Vérove depuis plusieurs années. Depuis la confirmation, jeudi 30 octobre de l’identité du grêlé grâce à l’ADN prélevé sur le corps de Francois Verove, le couple n’en revient pas.
"On a été très très éprouvés d’apprendre ça. Ça nous a complètement liquéfiés. Jamais on ne se serait imaginé une chose pareille. Je plains surtout sa femme et ses enfants. Ils ne devaient pas être au courant, ce n’est pas possible. Ils semblaient joyeux, heureux" affirme la voisine, les cheveux noirs bouclés et la main tremblante.
VOIR notre reportage à La Grande-Motte.
Un retraité investi dans le quartier
François Vérove qui s’est suicidé mercredi 29 septembre, dans un appartement de location au Grau-du-Roi, dans le Gard, est décrit comme un homme actif et très occupé. Ses voisins se souviennent d’un repas de quartier qu’il avait organisé en 2018.
Il y avait tous les gens du quartier, pour un repas entre voisins. C’était très convivial. Il n’y avait rien pour nous alarmer. Il aurait fallu être très perspicace. Et encore !
Un élu municipal et un policier "banal" et "humain"
A 59 ans, François Vérove n'était pas seulement impliqué dans la vie de son quartier. Il avait également occupé des fonctions au sein du conseil municipal de Prades-le-Lez, dans la métropole de Montpellier, où il a longtemps vécu. L'ancien maire, Jean-Marc Lussert, est très perturbé d'apprendre que son ancien collaborateur était en réalité un violeur et tueur en série :
Il y a des choses qui sont choquantes. Par exemple, il a siégé au comité communal d’action sociale. Il a participé aux discussions pour savoir si on aidait les gens, comment on les aidait. C’est très déstabilisant.
Jean-Marc Lussert n'est pas le seul à tomber des nues. Le Grêlé avait quitté la gendarmerie en 1988 pour faire carrière dans la police. Ces anciens collègues de l’Hôtel de police de Montpellier, où il était plutôt apprécié, sont stupéfaits. « C’était un policier banal. Il était apprécié dans son service pour son professionnalisme et pour sa bonne humeur. Un homme sans histoires, c’est en tout cas l’image qu’il nous donnait. Je peux vous dire qu’apprendre aujourd’hui, qu’il était l’auteur de crimes et de viols, c’est quand même la stupeur dans nos rangs. Je pense à ces collègues qui étaient proches de lui, c’est très difficile pour eux » affirme Bruno Bartocetti, secrétaire national zone Sud unité SGP police.
Des pulsions meurtrières
L’homme avait soudainement disparu de la maison familiale. Son corps a été retrouvé mercredi 29 septembre 2021 dans un appartement de location du Grau-du-Roi. L’autopsie a confirmé l’hypothèse du suicide expliqué dans sa lettre d’aveux. Un document dans lequel il avoue être le dénommé « grêlé », surnom due aux traces d’acné sur son visage à l’époque des faits.
Il avoue avoir commis des meurtres et des crimes mais sans donner le nom de ses victimes. Il affirme avoir agi sous le coup de pulsions qu’il explique par une enfance difficile. Des démons apaisés par son mariage et la naissance de ses enfants. Selon cette lettre, il se serait "pris en main" et n'aurait "rien fait depuis 1997".
Le plus vieux "cold case" de France
Selon le parquet de paris, le quinquagénaire, avait été convoqué le 24 septembre dernier, pour une audition le 29 septembre, soit le jour de sa mort. En effet, depuis quelques mois, la plus vielle affaire de France, pour des faits commis entre 1986 et 1994, progressait.
Quelque 750 gendarmes en poste en région parisienne à l'époque des faits avaient été convoqués ces derniers mois. Redoutant que sa véritable identité soit révélée, le Grêlé a donc mis fin à ses jours, pour «préserver sa famille» du scandale.
Quatres meurtres et six viols en 8 ans
L’affaire du «Grêlé» débute le 5 mai 1986, lorsque le corps nu et couvert de sperme d’une collégienne de 11 ans, Cécile Bloch, est découvert dans un hall d’immeuble de la rue Petit, situé dans le 19ème arrondissement de Paris.
Le début d’une triste série de faits divers : le criminel a ôté la vie à Gilles Politi (38 ans) et Irmgard Mueller (20 ans) en 1987, avant de prendre celle de Karine Leroy (19 ans) en 1994. «Le Grêlé» s’est aussi rendu coupable de 6 autres viols entre 1986 et 1994.